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De l’art de débattre avec des sceptiques de la transition

Publié le 13 novembre 2018 à 19 h 35 min

Mise à jour le 24 juin 2019 à 13 h 10 min

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Cela pourrait ressembler au titre d’un traité de rhétorique, sauf qu’il s’agit là d’un enjeu auquel nous sommes régulièrement confrontés (nous qui sommes engagés pour la cause environnementale, sociale et sociétale) : débattre avec des sceptiques qui nous assènent d’arguments qui sonnent comme des slogans, de fausses vérités ou de raisonnements “court-termistes”, et parfois, il faut bien l’avouer, de légitimes remarques liées à leur propre situation…

Si, naturellement, j’aime débattre et il s’agit d’ailleurs d’un aspect de mon métier de journaliste ou animateur, je dois dire que je me suis souvent senti pris au dépourvu devant la mauvaise foi, ou l’ignorance, ou les deux, de certains de mes contradicteurs. Après avoir fait un petit travail d’auto-analyse basique (ne serais-je pas devenu un militant avec des oeillères complètement déconnecté de la réalité ?), j’ai testé plusieurs approches.

Le débat en mode frontal

Je l’ai encore testé récemment alors que j’étais en famille à une table d’hôtes en Normandie. La discussion dérive sur les déplacements, le coût d’entretien des voitures, le prix de l’essence…et je sors là LA petite phrase : “de toute façon, les véhicules à moteur thermique individuels ce sera bientôt du passé”. Je crois voir un regard approbateur venu de mon voisin de table, enfin très vite je le vois tourner la tête de gauche à droite, vous savez comme quand on regarde un enfant la main plongée dans le pot de miel…

Les arguments ont fusé, j’étais presque seul face à tous (mes proches m’ont soutenu), j’ai presque gâché le dîner et aucun de mes arguments (santé, frustration, solutions, marketing, rapports..) n’y ont fait, ils ont tous été balayés par d’autres sans doute fournis par les constructeurs de voitures…Le lendemain matin, gueule de bois au rendez-vous et une notification sur mon téléphone indiquant un nouveau rapport faisant le lien entre la qualité de l’air, les 50 000 décès par an en France et la circulation automobile. De toute façon, le journal Le Monde est une anti-chambre de militants écolos bobos transformés en journalistes m’auraient ils répondu…

Le débat en mode écoute

Je l’ai testé aussi sans vraiment réussir : laisser parler la personne le plus possible et essayer de la comprendre. C’est très intéressant parce qu’il n’y a pas les gentils (nous) et les méchants (eux), mais sans doute un récit qui nourrit des croyances, mais aussi des situations particulières…”Mais moi je voudrais bien manger BIO mais je n’ai déjà pas les moyens de manger Label Rouge”…Bah oui c’est bien de prôner du BIO à tous les étages, mais sans changement d’échelle cela a un prix c’est vrai…même si certains produits commencent à être abordables. Bref, là c’est intéressant, on voit la pluralité des résistances, souvent très légitimes, et on se calme un peu sur le fait de donner des leçons ou de dire ses vérités..

La preuve par l’exemple

Voici, de mon point de vue, LA solution. La force de l’exemple, la puissance du mimétisme…La semaine dernière, j’animais une conférence à Paris organisée par Energie Partagée. Visionnage en avant-première du film de Cyril Dion “Après-demain” et débats. Une personne dans le public me demande comment convaincre son entourage “très peu réceptif aux enjeux de transition, de “. Je ne m’étais pas préparé à cette question, et j’ai de suite repensé à ce débat sur la voiture. Le piège des arguments, de la théorie. La pratique bien sûr ! Lorsque je porte un jean 1083 made in France que j’ai payé 89 euros, je ne fais rien d’extraordinaire, idem avec ma veste achetée 15 euros en seconde main, j’habite en ville donc je me déplace en vélo, je mange de saison, moins de viande….tous ces exemples sont autant de preuves qu’on peut changer (en partie et à son rythme) de modèle, et mes proches s’y mettent !

Alors oui, je crois que le mieux c’est de faire, sans grand discours, naturellement, et la curiosité des uns et des autres leur permettra de s’approprier les solutions, à leur rythme, selon leurs contraintes. 

Valère Corréard

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