Mise à jour le 24 juin 2019 à 13 h 04 min
Cela fait plusieurs semaines que cette idée selon laquelle les militants d’une transition durable sont déconnectés de l’urgence sociale de toute une partie de la population fait son chemin. Pour les uns le hobby de s’occuper de la fin du monde, pour les autres la dure réalité d’un quotidien. Cette opposition n’est pas si superficielle que ça, elle mérite en tout cas qu’on y accorde une vigilance particulière, car les solutions doivent être à portée de tous.
Voici un édito publié sur le média en ligne ID (L’info Durable) le vendredi 11 janvier 2019, dans lequel j’essaie d’expliquer en quoi le développement durable porte dans son ADN les enjeux de fin du mois.
” Qui n’a pas été interpellé par cette affirmation, comme un cri du cœur, « vous pensez à la fin du monde pendant que d’autres ne pensent qu’à la fin du mois » ? Un couperet et une division de plus entre ceux qui galèrent et ceux qui donnent des leçons, ou ceux qui regardent ailleurs et ceux qui font ce qu’ils peuvent, selon d’où on se place. C’est une opposition dans laquelle il ne faut pas tomber car, si tout part, a priori, d’un constat parfaitement légitime, la réalité de ce que les acteurs de la transition proposent pour un modèle de société durable est une solution pour la fin du mois, et la fin du monde.
Il y a de quoi être frappé par la violence de certains propos en réaction à plusieurs initiatives. La dernière en date, le Lundi vert, est symptomatique. Cette idée venue des Etats-Unis est portée en France par un groupe d’universitaires qui proposent de ne plus manger poisson et viande le lundi pour amorcer une transition alimentaire. Levée de boucliers pour ceux qui ne peuvent en manger ni le lundi, ni les autres jours de la semaine.
S’il n’est pas question d’ignorer cette précarité alimentaire insupportable qui touche près de 10% des français (la viande étant d’ailleurs d’avantage consommée par les ouvriers que les cadres d’après le CREDOC), on peut s’interroger sur cette réaction légitime lorsque l’on parle d’un quotidien saturé de contraintes, de manques et de frustrations. Il faut donc rappeler encore et encore dans quelle dynamique ces initiatives s’inscrivent, loin de ces raccourcis qui amènent à réagir sans avoir toutes les informations.
Sauver la planète (et l’humanité) loin des caricatures
De très nombreuses initiatives pour une transition environnementale, sociétale et sociale s’inscrivent dans le concept de développement durable dont les contours avaient été posés par l’ex Première Ministre de Norvège, Gro Harlem Brundtland : « un développement durable doit répondre à nos besoins présents, sans que cela empêche les générations du futur de répondre aux leurs ».
On identifie désormais trois piliers au développement durable :
On parle ainsi de transition écologique, sociale et sociétale, avec cette ambition de tendre vers une société plus juste, apaisée au sein d’un environnement respecté et de qualité. L’économie sociale et solidaire s’inscrit d’ailleurs dans cette vision de la société en proposant une économie vertueuse, porteuse de valeurs partagées avec, en première ligne, des associations, des coopératives, des entreprises sociales…
Des exemples nombreux de solutions concrètes
Il existe une quantité insoupçonnée de solutions imaginées par des acteurs de la transition sociale et solidaire qui vont dans le sens de nombreuses revendications. Arrondi solidaire, circuits-courts de l’emploi ou de l’alimentation, zones zéro chômeurs, réseau d’achats bio, bistrots solidaires, civic tech….
Et au-delà des exemples, les suggestions de changements d’habitudes au quotidien sous-tendent systématiquement des économies, une reprise de leur destin par les citoyens que l’on parle seconde mains, zéro déchet, réparation, do it yourself…
Sans simplifier ce débat, il devient urgent d’informer sur la réalité des enjeux d’une transition durable pour tous, car se battre pour éviter la fin du monde, c’est aussi se battre pour de meilleures fins de mois.”
Valère Corréard
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